Fraîchement rentré de vacances, je retrouve mes petites habitudes. Entre autres, tous les jours ou presque, après le repas de midi (qu'on appelle ici le dîner), je descends au café en bas de chez moi boire un délicieux expresso. En sirotant ce breuvage aux arômes corsés, je fume une clope et lis le journal du jour. C'est quasiment un rituel pour moi, un moment privilégié. Sauf quand les truies sont là.

Des truies ? Oui, parfaitement, des truies ! Les gros animaux qui se vautrent dans la boue, mangent n'importe quoi, et sentent mauvais ? Oui. Grosso modo, oui. Une espèce hybride je crois. Cochon croisé hippopotame, avec une petite part d'humain sans doute (mais alors, ça doit venir du même endroit que pour les soeurs de Marge Simpson). Quatre énormes bonnes femmes aux visages porcins, joufflues, fessues, molles, méchantes, et moches, mais qui ont toutefois la décence de se jeter quelques vestes polaires violettes et peluchées sur le dos avant de venir me casser les c sortir. Elles reposent leurs popotins massifs sur quelques vieilles chaises en osier qui gémissent d'horreur, commandent des tisanes, achètent le dernier mémère magazine "Spécial Michel Sardou, le drame !!!" et parlent très fort en lançant des commentaires ineptes les 3 photos floues du canard, en attendant que quelqu'un sorte du bistrot. Car leur activité favorite, c'est de critiquer les gens. Elles baissent alors un peu la voix, ce qui fait que seuls la moitié de la salle les entend, et font assaut de commérages :
"Tiens, elle a pas pris du ventre la gamine ?
- M'étonnerait pas qu'elle aie quelque chose dans le tiroir
- Remarque, avec ses parents, ce ne serait pas si surprenant...
- Comment ça ?
- T'es pas au courant ?
- etc... "
Avec toutefois une préférence pour mon voisin de palier, Yougoslave, parce qu' "il y a un peu trop de Yougos par ici", et mes voisins du dessous, une famille d'origine tunisienne, qui soit dit en passant sont des des gens charmants, les voisins idéaux, mais bon "ils ont quand même pas les mêmes valeurs que nous ; et puis vous voyez combien ils ont fait de gamins ? ( Note du Muche : 5 filles gentilles, mignonnes, et très bien élevées, elles)".

Mais le pire, c'est qu'elles ont décidé de se reproduire ! Parfois elles amènent leurs abominables gosses avec elles. Et là, ça devient infernal. En plus des truies, vous avez des porcelets mongoloïdes qui cavalent dans tout le bistrot. Ils ne sont plus tout petits(8-11 ans), et ils sont intenables. Ils se courent après en poussant des cris suraigus, prennent parfois un quart de secondes pour essuyer d'un revers la morve qui leur coule du nez, s'accrochent aux chaises pour mieux tourner, parfois aux manches des clients aussi (en lançant un petit pardon sans même ralentir), ce qui a déjà provoqué moult renversements de cafés et autres chutes de verres, en plus d'un agacement général copieux. Les gros tas amorphes qui leur ont servi de génitrices semblent ne rien voir et ne rien entendre, tout au plus l'une d'elle lance-t-elle parfois un "Jordaaaannnn, cours pas comme ça" (vous pouvez remplacer Jordan par Brian, James, ou Kevin, ils ont tous des prénoms tirés de feuilletons tv en 128650 épisodes), sans même tourner la tête, parce que de toutes façon elle ne bougera jamais son gros cul pour aller apprendre à son lardon qu'il existe une différence entre un café et une cour de récré. Et ce dernier le sait très bien parce que la plupart du temps il ne daigne même pas répondre. Cependant, ne vous avisez pas de faire une remarque. Leur faire sortir le nez de leurs commérages, c'est comme de déranger un troupeau d'hippopotames en pleine partouze. Un vieux monsieur en a fait l'expérience aujourd'hui, après qu'un des mioches aie failli lui faire perdre l'équilibre il s'est permis d'adresser une remarque aux harpies. Elles se sont mises à crier des "Non mais vous n'allez pas m'apprendre à élever mes enfants !", des "Non mais de quoi j'me mêle", "Et c'est normal que les enfants s'amusent", et j'en passe... Le pauvre homme n'avait pas compris que ça ne sert à rien d'essayer de discuter avec elles. Il faut à mon avis ou bien se taire et faire semblant de rien, ou bien les assommer.

Peut-être que demain j'irai boire mon café avec un merlin sur l'épaule...