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Pas grand chose sur à peu près rien
Un long silence
--> Et que s'est il passé pendant ce temps-là ?
Bonne question. Quoi de neuf ?

Du boulot par dessus la tête, un client qui réapparaît soudainement et qui veut tout tout de suite, le mandat qui me rendra riche (hum...faut le dire vite) qui ne se décide toujours pas, des parents toujours aussi pénibles, 30 heures de sommeil en retard que je n'arrive pas à rattraper, ...

Aussi une paire d'yeux noirs, brillants, remplis d'étoiles, qui m'ont donné envie d'être amoureux, mais qui se sont avérés n'être qu'une paire de fesses de plus.

Des rêves d'enfant, ou d'ado qui s'enterrent toujours plus profond. Des années qui défilent sans que rien ne change vraiment. Enfin si, tout change, mais si lentement, et si rarement à mon avantage, ...

Et puis deux morts.

Sa copine n'avait plus de nouvelles de Jako depuis quelques jours, ses parents non plus. Ils ont fini par s'inquiéter, puis on fait forcer sa porte. Il l'ont trouvé dans son lit. Il était mort depuis 4 jours. Elle m'a dit qu'elle avait su tout de suite qu'il était mort quand ils sont entrés dans le petit 2 pièces, ça ne sentait pas très bon dans son appart. L'autopsie a décrété "hémorragie interne". Pourquoi ? Prrt. Personne ne sait. Je le connaissais pas très bien, c'était un ami d'enfance de D., et c'était aussi un des type les plus sains que j'ai connu. Un grand métis, sportif, qui ne buvait pas, ne fumait pas, n'était pas querelleur pour deux sous, ... alors ? La vie et la mort se sont bien foutu de sa gueule apparemment.

Et puis N. m'a téléphoné, il y 10 jours. D'habitude, il ne me téléphone que quand il s'est fait larguer, ou alors pour aller skier. Là, il m'a demandé si j'étais au courant pour T. Je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé qu'il allait se marier et qu'il battait le rappel des vieux copains. Non ?

Nous étions tous les trois dans le même lycée il y a quelques années (ce que ça peut filer quand même), puis avons été dans la même école d'ingénieurs après. T. a toujours été un grand sentimental, un mec un peu space aussi (space, c'était son mot). Un peu toujours à la rue, un peu toujours en train de regarder sa propre vie comme on regarde un film. Un peu avant le bac, il s'était fait larguer par son grand amour, A., et au lieu de médire, se mettre en colère, pleurer, hurler, comme l'aurait fait n'importe lequel d'entre nous, il avait passé ses journées et ses nuits à fumer des clopes à sa fenêtre (l'était vachement fort niveau clope, il m'a appris à les rouler, à faire des ronds de fumée qui durent une éternité, etc... lui il se les roulait en fonction de la durée de la pause : une allumette pour une pause de 5mn, une espèce de petit cigare dégueu pour un pause de 15mn). On avait été lui botter le cul avec N., et un autre gars, pour qu'il se remette aux révisions. Puis, une année plus tard, il est tombé amoureux encore une fois, d'une nana très jolie, très sympa, mais qui n'était pas pour lui. Elle a fini par lui faire un coup tordu, puis par le larguer, et quelque chose s'est cassé. Peut-être que ce n'était pas qu'à cause de ça. Qui sait ? C'était devenu soudain très difficile de discuter avec lui d'autre chose que de banalités. Il s'est mis à jouer aux échecs, à fond, puis a choisi les mathématiques comme spécialité, puis il a maigri. C'était un gars assez costaud, athlétique, à peu prés 75 kg sur 1m78, très bon snowboardeur, très bon nageur, ...il ne pesait plus que 60kg. Et il nous envoyait chier quand on essayait de lui parler. Puis il a déconné, il s'est retrouvé à faire un séjour en asile psychiatrique, et nous n'avions pas le droit de lui rendre visite, pour son propre bien à ce qu'il paraît. C'est à ce moment que je l'ai perdu de vue. Je l'ai recroisé un peu quand il est sorti, mais ce n'était plus pareil, il avait le regard craintif, perplexe, il avait l'air gêné de me parler. Je me suis dit qu'il fallait lui laisser un peu de temps. Et puis pour être honnête, j'avais d'autres chats à fouetter, et des choses plus drôles à faire. J'ai appris plus tard qu'il avait fini par avoir son diplôme.

Et puis, 6 ans après, N. m'apprend qu'on l'a retrouvé pendu dans son salon.

C'est des voisins qui ont appelé les pompiers, à cause de l'odeur.

T., le type avec qui j'allais parfois fumer des pétards à la pause de midi au lycée, avec qui on planquait quelquefois une pastèque et une bouteille de mousseux dans un champ, pour aller prendre le soleil au lieu d'aller en philo. Avec qui on essayait désespérément de faire du stop en rentrant de boite complètement déchirés sous la flotte quand on était en première année. T. avec qui on refaisait le monde autour d'un dernier chtu après avoir marché les 6km qui séparaient le centre-ville de Lausanne de nos appart', T. le gars qui m'a aidé à avoir des notes correctes en géométrie descriptive, qui m'a appris à faire des grue en papier, des ronds de fumée, à faire du snowboard, qui m'a fait comprendre que c'était ridicule de se battre pour n'importe quoi... T., le mec à qui j'ai appris à ne plus avoir peur des chiens, les règles du rugby, à changer les carbus et le pot de son 103, le secret du double débrayage, et à jouer au baby-foot, T. est aujourd'hui en train de se faire bouffer par les vers. Sans même que j'apprenne qu'il était au bord du gouffre, sans même que je me soucie de l'apprendre.

On s'est retrouvé avec N., L., et X. le lendemain de son enterrement, devant sa tombe. Il n'y avait pas de pierre tombale, il paraît qu'il faut attendre que la terre se tasse avant de la mettre. X. a poussé un grand pffff, et on a dit ouais d'une voix un peu étranglée. Puis on est allé se mettre la mine de l'année. C'était ni très drôle, ni vraiment très triste, on s'est rappelé les bons souvenirs au lieu de se poser les mauvaises questions.

Ce soir je me demande à quel point je suis seul. Si moi aussi je devais mourir, combien de temps avant qu'on ne le découvre ?
Ecrit par polo_troula, le Samedi 19 Février 2005, 04:08 dans la rubrique "Pas glop".


Commentaires :

  Faustinia
Faustinia
21-02-05
à 08:43

on te sent bien triste et c'est naturel...mais je ne pense pas que tu sois tout seul..tu parlais de tes potes dans un mail précédent et en plus tu es intelligent , jeune et plein d'humour et de bon sens..tous les ingrédients pour ne jamais être seul..;il ne te reste qu'à trouver l'âme soeur et je suis sûre qu"elle rôde déjà près de toi mais tu n'ouvres peut-être pas les yeux assez grands..;En plus, il faut essayer d'aller dans des endroits inhabituels, élargir ses relations...je suis certaine que ta ville, ton pays rengorge de jeunes gens intéressants...

je ne m'inquiète pas pour toi

bizzzz 


  Muche
Muche
22-02-05
à 22:06

Re:

Y'a des jours comme ça... En tout cas c'est gentil de me remonter le moral :-))

  gobbolino
gobbolino
24-02-05
à 22:08

Re: Re:

et bien je partage tes états d'âme (vilain copieur ;o) dis toi que cela pourrais être pire... tu pourrais t'appeler Brandon et avoir une mère fan des feux de l'amour (et des bars tabacs) ... zôtches...

  Muche
Muche
27-02-05
à 20:04

Re: Re: Re:

Crois-le bien, c'est des états d'âme que je m'abstiendrais bien de copier.... mais, oui, ça pourrait être bien pire  : je pourrais m'appeler Bradon, ou alors être SDF, ou aussi être un nain-hermaphrodite-unijambiste-fan-de-tino-rossi.
Je crois que je retrouve le sourire... zôtches à toi aussi :-)

  neowitch
neowitch
24-02-05
à 12:45

Hop HOP HOP HOP

Bah, alors!!! Ces pensées...Negative sont normales, mais je suis sur que toi, tu saura trouver la forçe de rencontrer pleins de gens, et te changer les idée, mais en attendant, il faut evacuer toutes ces idées, pour repartir sur de bonnes choses...ALLER hop hop hop!!!
Ca m'a rapeller le peril jeune...Dans une situationdifferente, bien sur!
Aller cours au bonheur ;)

  Muche
Muche
27-02-05
à 20:06

Re: Hop HOP HOP HOP

C'est vrai, je ne m'en étais pas rendu compte. Ca fait un peu penser à ce film. Ceci dit, il n'y a pas d'histoire de drogue là-dedans. Et oui, je ne m'arrête pas là dessus, il faut bien que la vie continue...

  Kyrene
Kyrene
26-02-05
à 22:03

moi aussi quelque fois je me suis posé la même question : si je mourrais, là, tout de suite, je ne sais comment, combien de temps avant qu'on s'en rende compte, avant qu'on s'inquiète de ce qui m'était arrivée??

et bien c'est débile comme question, faut dire, mais je crois qu'on se la pose surtout quand on a un grand coup de cafard, quand on se dit que personne ne s'intérèsse à nous.

Ce qui est complètement con et faux ! car chacun à quelqu'un qui pense à lui, au moins une personne. si, si. même si on ne trouve pas qui c'est tout de suite! lol

mais je crois surtout qu'on se pose cette question parce qu'on a peur. peur de mourir seul, un jour, quand ce sera notre tour.

mais ce jour là n'est pas encore venu, et réjouissons nous de pouvoir vivre à fond chaque jour.

courage à toi, à tes potes qui vivent ces drames; c'est vraiment très triste de ne pas avoir su, aider, ou même su l'état de détresse de quelqu'un. c'est pour ça qu'il faut tous que l'on s'entreaide les uns les autres.


  Muche
Muche
27-02-05
à 20:12

Re:

Oui, je me pose probablement cette question parce que j'ai peur de finir comme ça... Mais je ne crois pas que ce soit si faux, je suis assez impressionné par la facilité qu'on a à se retrouver complètement isolé.  Jako avait plein d'ami(e)s, une copine, et on ne l'a retrouvé que faisandé. Pour T., qui avait eu un parcours plus cahotique, ça a été bien pire.

Et je crois qu'il ne suffit que de quelques mois, une ou deux années au pire, pour se retrouver presque totalement seul.

  Kyrene
Kyrene
27-02-05
à 20:44

Re: Re:

allez, courage! mieux vaut éviter de ne pas penser à ec genre de chose si on veut avancer dans la vie. C'est con, mais y a des interrogations auxquelles ils vaut mieux éviter de penser! Donc, l'astuce, c'est que des "mauvaises" pensées te viennent, hop, hop, hop, change toi les idées de suite. C'est pas se voiler la face, c'est juste se rendre compte que certaines vérités ne sont ni bonnes à dire, ni à entendre. bisous!