Ce blog va finir par sentir l'égocentrisme à plein nez, mais après avoir parlé de mon beauf, je
vais parler de mon appart (qui sait, peut-être qu'un jour j'aurai le courage de
m'attaquer à quelque chose de plus philosophique).
Comme pour beaucoup de gens, il y a des petites choses qui ont le don de me
saper le moral, et d'autres qui font du bien (ou du mieux). Parmi ces
dernières, il y a mon appart. Je sais bien que c'est quelque chose de
relativement banal de se sentir bien chez soi, où tout au moins mieux
qu'ailleurs. On fait d'ailleurs presque tous en général un minimum d'efforts
pour que ce soit un peu plus qu'un simple endroit où aller dormir après le
boulot, par exemple : mettre un poster, faire le ménage au moins chaque année
bissextile, etc... Mais cet appartement là, il a quelque chose en plus, ce
n'est pas seulement c'est ma tanière.
D'abord il n'est pas comme les autres, c'est un grenier qu'un architecte
vraisemblablement un peu secoué du bocal a réaménagé en studio (ou alors
c'était peut-être un émule de Picasso). C'est donc relativement grand pour un
studio, il y a la pente du toit, un parquet qui grince, et plein de placards. Des
vrais placards, mais aussi des placards-surprise. Par exemple entre le placard
à manteaux et le placard à vaisselle, il y a en toute logique le placard à
lavabo ! Et là où vous croyez deviner un placard à balais (à cause de
l'étroitesse de la porte), vous tombez sur 2 marches (ne me demandez pas
pourquoi), et après la cuisine, juste assez grande pour y mettre un chti frigo,
une étagère, une cuisinière, ... et la douche naturellement. Et au cas où je
n'aurais pas encore saisi que j'ai la chance de loger dans un endroit unique,
j'ai aussi le privilège d'être le seul locataire de l'immeuble à avoir les WC
sur le palier. Ce confort un peu particulier rebutant inexplicablement certains
locataires trop conformistes, son loyer reste modeste, ce qui est parfait pour
mes finances erratiques.
Mais ce qui fait que je me sens aussi bien dedans, c'est que j'ai l'impression
qu'il est accroché au ciel. Je vous explique : je vis dans ce charmant pays
qu'est la Suisse, dans un village près d'une petite ville coincé entre le Jura
et un lac. Du fait de son emplacement, il y a un fort dénivelé entre le bas du
village et le haut, ce qui fait que ceux qui ont la chance d'habiter les
derniers étages des rares immeubles (qui ressemblent en fait plus à des maisons
sur 4-5 étages) ont une vue splendide. J'ai 2 fenêtre orientées sud-ouest, sans
vis-à-vis d'où je peux contempler les lac en entier, les alpes (faut qu'y fasse
beau quand même), et de magnifiques couchers de soleil sur le lac. Comme
les premiers contreforts du jura sur lesquels a été construit ce village,
montent à un peu plus de 1000m, les nuages s'accumulent souvent au dessus, mais
laissent aussi assez souvent en même temps des zones dégagées au-dessus du lac.
Il en résulte des effets de lumière absolument splendides: il fait sombre, les
nuages ne sont pas loin au dessus du toit, mais on voit de la lumière, il y a des
rayons de soleil qui tombent sur un lac aux eaux tantôt turquoise, tantôt bleu
sombre, tantôt vert, avec des pt'its moutons blancs quand ça souffle assez
fort, le soir les neiges éternelles des Alpes scintillent d'une lumière
rosée...
Bon, je suis loin d'avoir le talent qu'il faut pour décrire ça alors j'arrête
avant de tomber dans le cucul-la-praline, mais en bref, tant qu'il fait pas
trop trop pourri, c'est magnifique. Et je mettrai tantôt une photo un peu plus
parlante que mon bla-bla approximatif.
Le seul vrai problème, c'est la troisième fenêtre qui donne sur
l'immeuble d'à coté (pas très loin à côté), et plus particulièrement sur
"Le Gros Dég". Mr Gros Dég se promène toujours dans un marcel, sur
lequel des rayures bleues sont déformées par sa considérable bedaine de buveur
de bière (toujours le même, il est à torse ventre nu quand il le lave). Il s'est apparemment fait greffer un cigare sur les lèvres, et son
passe-temps consiste à regarder ce qui se passe chez moi (surtout quand ma copine est là), ou plus souvent chez
ma voisine du dessous, une canette à la main (le récipient, pas l'animal).
Toujours est-il que confort ou pas, Gros Dég ou pas, quand je rentre chez moi
j'ai l'impression de m'éloigner un peu ce monde, et de me réfugier dans un
endroit sûr (bah oui c'est chez moi), unique, et privilégié. Et nom de dieu, ça
fait du bien.
à 20:11