Le mauvais côté de mon boulot, c'est que comme c'est du temps partiel, il faut quand même que je trouve quelques mandats à côté. Du coup quand on en trouve, on passe d'un horaire de 20-25h de boulot par semaine à du 60h. Ce qui ne laisse plus beaucoup de temps pour, par exemple, écrire des articles sur un blog. En plus, il faut savoir être "flexible". Par exemple après avoir rendu le boulot pour ma boîte, et le mandat, il y a eu un "trou". On m'a donc dit que je pouvais prendre "2 bonnes semaines de vacances, tranqwil".

Vacances ! Ce mot me paraît presque bizarre tellement ça fait longtemps que je n'en ai pas pris de vraies. C'est vrai que j'ai bien eu quelques jours par-ci par-là, voire une semaine entière dans la boîte précédente, mais c'était ou bien un w-e prolongé, ou bien entrecoupé d'obligations familiales. Il y a bien sûr eu une période de chômage, mais franchement, c'est pas pareil. Là, je suis rentré chez moi avec un sourire façon banane à l'idée de passer des vacances, des vraies, pour moué tout seul. Envie de partir, mais où ? Le compte en banque ne sera pas trop un problème pour cette fois, et j'ai envie d'aller loin. Je suis comme un gosse à qui on demande de choisir entre 35 desserts. Bahamas ? Brésil ? Hawaï ? Turquie ? Cap-Vert ? J'ai envie de soleil. Alors après pas mal d'hésitations, de consultations de sites web, je me souviens que j'ai un cousin qui bosse pour Air-France au Caire. Je lui lance un coup de fil, histoire de voire si il ne pourrait pas me tuyauter un peu. Il me conseille de prendre un billet en last-minute, me jure que plus jamais il ne m'adressera la parole si je ne passe pas 2-3 jours au Caire, et me promet qu'il me trouvera un chouette hôtel à prix tronçonnés quelque part au bord de la mer Rouge. Héhé, ça paraît po mal....

Un petit coup de fil au consulat d'Egypte pour savoir combien il faut de temps pour obtenir un visa : "le jour même s'il n'y a pas trop de monde, le lendemain au pire", cool ! Je suis hyper motivé, vais chercher un visa le lendemain et trouve un billet pour le surlendemain à un prix défiant toute concurrence sauf que ça me fait arriver à 3h du mat' au Caire.

Le vol a un peu de retard, mais dans l'ensemble, ça se passe bien. J'adore prendre l'avion, et pendant le vol je suis assis à côté d'un vieux monsieur très cultivé qui m'apprend plein de choses sur l'Egypte, ses petites traditions, son histoire antique et contemporaine, .... J'arrive donc moyennement frais, mais nettement moins con au Caire. Les douaniers grimacent en voyant que j'ai acheté un peu trop de cigarettes au duty-free, mais je leur laisse une demi cartouche et ils finissent par me me laisser passer avec un grand sourire. Dans le taxi qui m'emmène chez mon cousin, j'hallucine complètement en découvrant Le Caire. Ce n'est pas encore l'heure de pointe, mais on sent que la métropole grouillera bientôt de monde (y'a quand même presque 3 fois plus d'habitants au Caire que dans toute la Suisse). Pas mal d'immeubles ont l'air d'avoir été construits absolument n'importe comment (murs de brique pas d'aplomb, etc...), et la circulation ressemble à un joyeux bordel : le plus gros a toujours la priorité, les feux de signalisation n'ont qu'une valeur indicative, le klaxon remplace les clignotants, .... D'ailleurs le chauffeur profite du fait qu'il n'y a pas encore trop de monde pour pour accélérer un peu, et à sa façon de piloter sa vielle 505 (chromes refaits, chapelet qui pendouille au rétroviseur, tapis de billes sur le siège du pilote, fumigènes intégrés à l'échappement, jantes rouge vif, je suis certain qu'elle plairait à Dirk), je devine que c'est le fils caché de Mad Max.

Les retrouvailles avec mon cousin sont chaleureuses, et les 3 jours que je passe au Caire sont vraiment très chouettes. Je fais un peu de tourisme, je m'empiffre de mets dont le seul parfum suffit à dépayser, et aussi à filer une tourista carabinée aux intestins fragiles à ce qu'on dit (heureusement, je suis solide). En plus il fait grand beau, mais pas trop chaud (entre 24° et 26° max). On a aussi fait 2-3 sorties mémorables avec mon cousin (mais peu alcoolisées, c'est pas trop bien vu là-bas de vomir partout parce qu'on est ivre mort). Il m'a bien évidemment emmené voir les pyramides le vendredi (WOW !!!). Je me demandais un peu comment étaient les Egyptiens, et d'après ce que j'ai pu voir, ils sont dans l'ensemble super gentils. Ils fument comme des pompiers, rigolent comme des bossus quand j'essaie de baragouiner les 3 mots d'arabe que mon cousin m'a appris, et les commerçants offrent assez facilement un thé très sucré ou un café pas sucré du tout (surtout dans le souk) aromatisé à la cardamome. Finalement, j'ai trouvé l'ambiance très chaleureuse.

J'ai presque regretté de devoir partir aussi vite du Caire pour Sharm-el-Cheik, mais bon, avec au programme mer Rouge et plongée, je me suis fait une raison. Et là, petite déception quand même.

L'hôtel est une immense boîte à touristes. Plus de 200 chambres, décoration à l'occidentale, clim surpuissante, piscine (alors qu'il y a la mer à deux pas), animations pourries, folklore à 2 balles, etc... Moi je suis venu pour être un minimum dépaysé, pas pour avoir l'impression d'être quelque part sur la côte d'azur. Même les plats "locaux" dans le resto climatisé ont un goût un peu fadasse quand on les compare à ceux des petits stands et restos du Caire. Y'a quand même pas mal de touristes, essentiellement des retraités et des jeunes actifs sans gosses. Des Russes, des Allemands, des Français, des Anglais, des Israéliens, des Suisses, ... La plupart d'entre eux se foutent d'être en Egypte. Ils veulent être au bord de la mer pour pas trop cher. Et comme comparés aux indigènes ils sont plein de fric , ils ne les respectent pas, ils affichent tout au plus une certaine condescendance, et ils s'attendent à être servis. Anglais et Russes essaient de voir qui peut picoler le plus, les Teutons s'accrochent à leurs Schweiznitzel et autres Schublig, deux Suisses se demandent si ils arriveront à trouver de quoi faire une fondue (si, c'est vrai), les Français se foutent de la gueule de tout le monde sans se rendre compte que tout le monde se fout aussi de la leur, ... Du coup, les Egyptiens sont moins cool là-bas, ou alors il faut s'éloigner un peu de la ville.