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Pas grand chose sur à peu près rien
A Genève
--> Gare Cornavin...

Genève, c'est une grande ville pour la Suisse, ce n'est pas la capitale, mais c'est une ville "internationale". C'est le siège de nombreuses agences de l'ONU, de la Croix-Rouge, ainsi que de plus de 170 ONG. C'est aussi la ville des banquiers, et je pense une des plus grosses concentrations de millionnaires et de voitures de luxe du monde. Un jour, j'y ai même vu un type se faire consuire en limousine pour aller manger un sandwich de falafel (enfin, c'est le chauffeur qui est descendu).

Lundi, j'ai du y passer pour mon boulot. Comme j'y suis allé en train, je suis passé par la gare Cornavin. Hergé la reproduite fidèlement dans l'Affaire Tournesol.
Mais ce qu'il n'a pas reproduit, c'est qu'elle se situe plus ou moins à la limite entre quartiers chics, et quartiers plus populaires. Ainsi les hôtel chics ne sont qu'à 300-400m de la rue des putes. Comme la plupart des bus, et tous les trams passent par là, on y voit toutes sortes de gens. Des banquiers qui n'ont pas de temps à perdre tout comme des junkies et leurs dealers. Tout ce monde se côtoie sans (trop de) problème.

Alors, en attendant sagement le bus 5, j'observais distraitement les gens autour de moi : une mémé avec un caniche qui avait l'air encore plus vieux qu'elle, une étudiante en train de se demander si elle avait vraiment envie d'aller en cours, quelques djeunes qui font la manche, 2 types en costard cravate qui parlaient finance, 2 junkies un peu anxieux...
Arrive une jeune femme en pleurs, je la regarde. Elle est très maigre, trop maigre, les bras squelettiques, les joues creuses, les traits tirés, on dirait qu'elle a vieilli d'un coup, qu'elle avait 22 ans ily a 5 minutes, et que maintenant elle en a 40. Elle arrive vers les 2 types derrière moi.

- Il m'a tiré les thunes laisse-t-elle échapper d'une voix blanche
- Putain merde c'est pas vrai
- Qu'est-ce qu'on va faire ? Comment on va en trouver maintenant ? Il y a de la terreur dans cette voix.
- Pardon, j'ai pas pu l'empêcher...

Je me retourne un peu, un des 2 types l'a prise dans ses bras et essaie de la réconforter. Mais ils sont tous les trois livides. Et je me sens mal aussi. Bon dieu, mais dans quel enfer ils doivent vivre... Et le dealer, ce doit être le dernier des rats, pour voler une jeune fille malade. C'est bizarre, je ne suis pas hyper sensible en général, mais là je suis boulversé. C'est peut-être parceque j'ai la tête dans le cul ? Autour de moi, personne n'a rien remarqué, ou alors tout le monde fait semblant vachement bien. Tant de détresse à un mètre d'eux, et ils ne le voient pas ! J'aimerais dire quelque chose de sympa, faire quelque chose. Au moins leur filer de quoi aller se payer un sandwich. Je n'ose pas. Je ne sais pas. Le bus arrive. Bon tant pis, je sors un billet de 20 francs de mon protefeuille et le glisse dans la main d'un des gars. Comme je ne sais pas quoi dire, je fais un petit clin d'oeuil et je prends le bus.

Je m'assois. Le bus démarre. Puis la femme assise en face de moi hésite un peu et me dit:
-Vous savez, ce que vous avez fait, ce n'est pas leur rendre service. Ils vont aller s'acheter de la drogue avec vos sous...
Je la dévisage, incrédule. Non mais elle me fait la morale cette vieille bique !
- ... je sais que c'est bien d'être charitable mais avec eux, mais je crois qu'il ne faut pas les encourager dans leur vice...
Et elle continue !
Je sens mon visage virer au rouge cramoisi. J'explose.
Je lui réponds que j'ai largement passé l'âge qu'on me fasse la morale, que si elle avait une meilleure idée, elle n'avait qu'à s'en charger elle-même. Que tiens pourquoi elle n'est pas allée leur faire une soupe au lieu de rester posée sur ses fesses molle ? Ils ne risquaient pas de la prendre en intraveineuse, non ? Je crois que j'ai parlé un peu fort, les gens se retournent. Elle est choquée. Bon sang, ils sont vraiment tous cons.

Je descends à l'arrêt suivant, manque de me faire écraser par une énorme Mercedes, et finis le chemin à pied.

Ecrit par polo_troula, le Mardi 25 Mai 2004, 22:17 dans la rubrique "Pas glop".


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